J’ai commencé à bloguer il y a 14 ans cette année, une éternité quand on y pense, plus d’une décennie à partager essentiellement de la mode et depuis quelques années, de la beauté et de la déco.

Au début du blog, l’ambiance était bon enfant, avide de bons plans, de bonnes adresses, j’avais un plaisir immense à partager, à échanger. Très vite mon blog s’est développé, il a changé de plate-forme pour devenir quelque chose de plus léché, de plus professionnel. Pour enfin être celui que vous connaissez, mon blog mon métier depuis 2008 à 100%.

Avant le blog, il y avait un forum sur lequel nous échangions presque toujours dans la bonne humeur. Quand les débordements pointaient leur nez pour gâcher l’ambiance, le modérateur intervenait pour remettre tout le monde à sa place et le calme revenait. C’était doux, c’était sain il y avait une limite à ne pas dépasser, clairement énoncé dans les règles du forum.

Puis il y a eu le « lâcher-libre » comme je l’appelle, sur le blog je suis chez moi, j’interagis avec des lectrices que je connais depuis des années, certaines depuis le début, 14 ans donc, depuis le forum. C’est fou et c’est bon. D’autres sont arrivées au fil des publications dans la presse, quelques interviews sur des féminines en ligne, et puis des téléspectateurs de 100% Mag quand j’étais chroniqueuse pour M6 tous les lundis à 19h.

Quand mon blog est devenu mon métier, j’ai toujours essayé de garder ma ligne éditoriale, l’échange le partage, mon style personnel, mes idées de shopping, tout est toujours là, je n’ai pas changé de cap.

Tout a commencé à changer lorsque les réseaux sociaux sont apparus.

BE SOCIAL

« Sois sociable » qu’il disait, cool ok, échangeons encore plus j’adore ça! Parvenir à toucher encore plus de lectrices c’est chouette, les réseaux sociaux ont fait grossir mon blog, du moins mon lectorat, vous avez pu le partager avec vos amies, vos collègues, inviter vos soeurs, vos mères à « aimer la page de.. ». Et c’est là sans doute, le côté le plus génial et le plus phénoménal qu’a eu l’arrivée des réseaux sociaux sur mon blog et ma vie professionnelle. Et pour cela je remercie cette fabuleuse avancée du réseautage. Vraiment et sincèrement.

Mais il a aussi ouvert une porte.

Je ne vous en ai encore jamais parlé ici, mais il y a dix ans j’ai été victime d’harcèlement. De cyber harcèlement. Très violent.

Pour ne pas réveiller les choses et parce que la peur est toujours là tapie dans un coin, je ne vais pas revenir sur les détails de ce cyber harcèlement qui a duré plusieurs mois et qui été jusqu’aux menaces physiques.

A l’époque j’ai eu la chance d’être écoutée et prise au sérieux par la police, et ils ont reçu ma plainte. Je me suis sentie soulagée de pouvoir en parler, ce pas toujours évident pour l’entourage de comprendre ce que l’on peut vivre, alors j’imagine qu’en tant que lectrice c’est encore plus difficile. Mais je vais essayer de partager un peu avec vous mon ras le bol, et ce qui a fait que j’ai ressenti le besoin de couper Instagram et mon activité sur la toile durant une semaine.

INSTADRAM

L’arrivée de ce réseau de partage a ouvert une porte sur un univers formidable et intense.

De mon côté il m’a permis de me rapprocher de mon lectorat, d’échanger plus facilement avec vous, et d’entretenir des liens plus proches que sur le blog. Il me permet aussi de partager plus rapidement que sur mon blog, l’instant d’Instagram m’a toujours plu.

Avec le développement de ce réseau nous avons également créé une sorte de monstre dont ne savons pas trop l’aboutissement. Quand je dis « monstre » cela peut être aussi bien dans le positif que dans le négatif.

Je sais qu’avec notre métier de blogueur nous ouvrons une voie, ce métier n’existait pas il y a encore quelques années, il est parfois difficile de le comprendre mais nous sommes très nombreuses sur la toile à vous l’expliquer et à être suffisamment transparente pour commencer à bien le saisir et entrevoir que pour celles qui ont la chance de pouvoir en vivre, oui c’est un véritable métier. Une chance immense de pouvoir vivre de sa passion, j’ai connu les horaires de bureau, les lundis matin difficile, les employeurs injustes, ou au contraire les patrons valorisants, le salaire qui tombe à la fin du mois.

Quand j’ai changé de vie il y a 17 ans pour devenir comédienne à Paris, je n’aurai pas imaginé une seule seconde que ma passion partagée sur la toile à côté du théâtre allait devenir mon futur métier. Et quel métier!

Sur Instagram, j’aime partager une petite partie de ma vie privée, et une grosse majorité de mon travail.

Depuis je dirais 2 ans, le comportement des gens sur ce réseau a beaucoup changé. Il est désormais facile de se créer un compte pour venir troller, insulter, déverser sa haine sur n’importe qui en quelques coups de clics. Et j’ai vraiment constater un changement.

Je ne vous apprends rien, Instagram n’est pas sain si on le prend au pied de la lettre, on y montre que le bon côté, et sous la plus belle des lumières, quelques retouches, on peut vraiment faire dire n’importe quoi à ce réseau. Ce qui a finalement créé pas mal de frustrations chez les uns et chez les autres et des deux cotés du miroir aussi bien chez les blogueurs / acteurs du web que chez les lectrices. On peut se sentir dévalorisé, minable, fade si on commence à se comparer à certaines images. C’est aussi valable pour les personnes qui nous suivent, se comparer c’est tentant et parfois cela suscite de la frustration, et un développement d’une haine démesurée.

En 2018 j’ai du à deux reprises déposer une main courante contre deux personnes qui ont dépassé les bornes avec des propos et messages d’harcèlement et même une nouvelle menace physique.

Le cyber harcèlement est devenu courant et banalisé.

Combien de fois je lis cette excuse: « si t’exposes tu dois accepter, c’est le jeu. » . Et bien non ce n’est pas le jeu encore moins un jeu, et si votre commentaire peut vous sembler anodin, multipliez le par le nombre d’abonnés cela vous donne le nombre de messages potentiels que l’on peut recevoir. Je suis la première à vouloir échanger avec celle ou ceux qui ne sont pas d’accord ou simplement un avis divergeant, je n’ai rien contre la critique quand elle est constructive et non personnelle. Mais quand c’est une insulte, une remarque sur le physique, un jugement, je ne suis pas d’accord. Internet n’est pas un monde à part, on n’y vient pas pour se défouler, ou déverser une haine ou frustration bien engloutie au fond de soin. Nous ne sommes pas des paillassons. Comme dans la vraie vie, les règles du bien vivre ensemble sont les mêmes.

LE CYBER HARCELEMENT CETTE PLAIE

Lundi passé a éclaté le scandale de la ligue du LOL, si vous avez manqué l’info vous pouvez relire les articles du Parisien ici ou encore la vidéo du Monde ici on y parle de plusieurs événements d’un groupe de personnes, homme et quelques femmes qui ont harcelé, humilié publiquement et essentiellement sur Twitter des blogueuses, des journalistes. Je n’ai pas été touchée par cette ligue fort heureusement. Je m’y suis intéressée car des amies ont été touchées et affectées par cette ligue du lol et d’autres cyber harceler. J’ai passé ma journée de lundi à lire et relire les témoignages des victimes, et à la fin de la journée j’ai replongé dans cette peur, ce sentiment d’impuissance que j’avais ressenti il y a 10 ans.

Je sortais d’un week-end un peu éprouvant sur Instagram, après plusieurs messages virulents de plusieurs abonnés, critiquant sans ménagement le physique d’une jeune femme que j’ai fait figurer dans une de mes story la semaine dernière. Habituée à ce genre de débordements à mon encontre, il me faut en général le weekend pour digérer et revenir le lundi comme si de rien n’était.

Mais pas cette fois. Quand je parle d’une plaie, ce n’est pas une image, le cyber harcèlement laisse des traces, même si l’affaire a été réglée depuis, même si l’harceleur a été puni et s’est excusé. Le mal est fait. La cicatrise reste.

Alors j’ai passé cette semaine à me demander si c’est réellement ce que je voulais, si j’allais pouvoir cette fois encore, passer au dessus. Il m’a fallu plus de temps que d’habitude. J’ai agis un peu différemment que d’habitude, la maturité sans doute, j’ai laissé du temps, j’ai fuis les réseaux, j’ai fuis internet pour me reconnecter à la vraie vie. A ce qui me fait plaisir, à ceux qui me donnent du bonheur. J’ai passé du temps pour moi, rien que pour moi. J’ai souhaité très fort que mes enfants ne connaissent pas ça plus tard. J’ai digéré et j’ai écris ce post. Certainement très maladroit et pas encore parfait. Mais j’avais besoin de vous le dire, parce que cette semaine j’ai pensé tout arrêter.

Mais non.

La passion est plus forte. Et je sais que je peux encore m’amuser et que j’aime profondément ce que je fais.

Et puis il y a vous. En pourcentage vous êtes tellement plus nombreuses à m’apporter du positif que je ne peux pas laisser cette minorité l’emporter. Ca ne serait pas juste pour vous, ça ne serait pas juste pour moi et tout le travail que j’ai accompli jusque là. Et puis les monstres, on finit tôt au tard par les dompter ou les apprivoiser, n’est-ce pas?

Merci à celles qui ont pris le temps de me lire jusqu’ici.

Je vous souhaite un doux week-end et rendez-vous lundi pour un nouveau post look!

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