Il m’a fallu plusieurs mois pour réaliser, digérer, inclure cet événement dans ma vie, le classer doucement dans le chapitre des plus beaux souvenirs.

Petit retour en arrière, la maison Chanel m’envoie un très beau mail d’invitation pour vivre un moment que je n’estimais jamais pouvoir vivre à Paris. Visiter l’appartement mythique de Coco Chanel rue Cambon.

J’ai rencontré l’équipe de Chanel beauté lors d’un événement dans la boutique beauté Rue Saint Honoré à Paris. Très vite on s’est compris, il faut dire que je connais Chanel par coeur, elle m’accompagne dans ma vie depuis mon plus jeune âge. C’est une passion.

En tant que passionnée, émue, j’ai poussé les portes du 31 rue Cambon. Très vite j’ai senti mon petit coeur s’emballer. C’est bête mais j’ai pensé à ma maman qui aurait adoré être avec moi ou même savoir qu’enfin cette chance se présentait à moi. Non je n’allais pas déjà pleurer, pas là.

On commence par monter les escaliers qui nous mènent au premier étage, là où se trouvent les salons de présentation, à l’époque Coco y faisait défiler ses modèles. Et juste là devant moi, le grand escalier et ses miroirs mythiques, de là elle pouvait tout observer sans se faire voir. J’ai l’impression que je le connais déjà par coeur, je le vois tous les jours en photo dans ma salle de bain.

Passage de l’escalier, l’appartement se situe tout au fond, derrière une porte somme toute assez simple. Je prends ma respiration, je pose le premier pas chez elle. Comme une impression de déranger, qu’elle est là à nous observer, nous juger. Un peu comme le ferai ma grand-mère aujourd’hui à réajuster ma robe.

Nous sommes accompagnées par un guide du Patrimoine qui commence la visite dans cet appartement surchauffé par la température extérieure et par le fait qu’il soit finalement très peu ouvert. On n’entre pas ici comme dans un moulin.

Il faut savoir que Mademoiselle Chanel ne vivait pas ici, elle n’y faisait que travailler, recevoir ou s’y reposer. Elle dormait tous les soirs au Ritz juste en face.

L’appartement est composé de 4 pièces, toutes soigneusement décorées par Coco, dans les moindres détails on la reconnait. Sa déco est Chanel et Chanel est sa déco.

Des camélias sur les paravents audacieusement vissés aux murs. Des entrelacements CC sur les gravures, dans les lustres. Le lion, son signe astrologique omniprésent. Et tout un joyeux bestiaire ça et là.

Dans la pièce principale, un immense canapé. On se tait.

Moquez-vous je suis à deux doigts de faire un signe de croix, je pourrai presque la voir étendue là sur le canapé comme sur les photos qui hantent encore ma tête.

Le guide me dit que je peux m’y asseoir.

C’est timidement que je pose mes fesses sur ce canapé, ne me gronde pas Coco je t’aime tant, je suis si admirative de ta vie. Je reprends la pose que je lui connais. J’ai l’impression de faire un pèlerinage. Je suis une groupie.

Le guide nous raconte les superstitions de Gabrielle. Sa chance qu’elle a provoqué. Elle n’a pas attendu qu’on la trouve, elle l’a provoqué. Oui c’est ça, provoquer sa Chance, lui tendre la main, travailler pour y arriver, ne jamais fléchir, y croire toujours même quand tout semble perdu, ou que les portes se ferment. Ce discours résonne tellement en moi que je ne peux retenir mes larmes, à quelque part je me reconnais, moi aussi je provoque ma Chance tous les jours, et surtout en arrivant à Paris il y a 10 ans. L’excès d’hormones n’aidant pas, ah vive la sensibilité des femmes enceintes, je pleure à chaud de larmes, et tant pis pour les filles qui m’accompagnent. Mais je vais bien, je ne suis pas triste.

Sur son bureau un jeu de carte avec ses chiffres, le 5, le 19, le 22. Le vingt-deux, comme mon tatouage, comme mon chiffre.

A la fin de la visite j’échange quelques mots avec la femme qui s’occupe de veiller sur l’appartement. En souriant je lui demande si elle l’a déjà vu. Elle me répond que oui, à plusieurs reprises. Qu’elle passe entre les portes, qu’elle effleure parfois son épaule. Et qu’elle va bien, elle n’est pas seule, elle n’est pas triste.

Je ne sais pas si on parle finalement de la même personne. Je ne fais que répondre par un sourire apaisé.

Merci Coco.

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